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DOMITIE

Par aSk

Il était une fois une jeune femme qui rêvait de géographie sonore et de grands espaces narratifs… Rencontre avec DOMITIE, conteuse trip(es)-hop.

Quel est ton parcours / ta formation ?
DOMITIE : J’ai suivi un cursus littéraire option théâtre au lycée. A côté de ça, je chantais dans un groupe rock ! J’ai aussi joué du clavier dans un autre groupe. En fait j’ai fait pas mal de théâtre jusqu’en 2010 en jouant avec des compagnies, en montant des projets étudiants. La musique demeurait optionnelle à ce moment-là. Pourtant j’avais fait du chant et du piano en étant enfant. J’ai repris plus tard une formation en chant classique puis en chant jazz, car vers 2010 j’ai voulu sérieusement travailler la voix. J’ai commencé à prendre des cours avec divers profs de chant, aussi bien orientés musiques actuelles que lyrique. J’en ai testé pas mal ! J’ai même fait partie d’un chœur régional et suis passée par le Conservatoire de Jazz de Tourcoing où je suis restée pendant 2 ans. Parallèlement, je donnais des cours de théâtre (adultes et enfants) et aussi sur la prise de parole en public, apprendre à poser sa voix, etc. L’art-thérapie m’intéresse, et le fait de transmettre. J’interviens actuellement à l’ARA à Roubaix.

Comment as-tu amorcé ce projet musical solo ?
En 2012 est né le projet MYTHIE LIVE POETRY, avec trois musiciennes, où nous proposions des lectures musicales, des improvisations autour de mes textes (en anglais et en français), quelque part entre théâtre et musique. Ceci dit, le passage à la librairie Dialogue Théâtre est resté à l’état de one shot. Néanmoins, c’est à partir de là que j’ai véritablement commencé à composer toute seule – au clavier-, et très vite je me suis mise à la MAO. J’ai écrit des chansons lors d’un voyage à Baltrum, petite île allemande perdue sur la Mer du Nord, où je suis partie pendant trois semaines en 2015 pour un projet européen avec l’asso Roots & Routes. Au départ j’ai créé un duo avec un percussionniste hongrois (je suis allée jouer plusieurs fois en Hongrie mes chansons avec lui) et moi au chant avec une loopstation, car je voulais pouvoir créer des chœurs toute seule en superposant ma voix. Puis je suis allée vers une musique électronique en ajoutant un ordi, un contrôleur et quelques petits instruments et en me débrouillant seule. Parallèlement, j’ai pris des cours d’écriture musicale et d’harmonie, pour m’aider à aller plus loin dans la composition.

Souhaites-tu retenter l’expérience du groupe, intégrer de nouveau des musicien(ne)s à ton projet ?
En fait pour l’instant cela m’arrange pas mal d’être seule ! C’est plus facile pour tourner et c’est vraiment conçu pour un solo. Et puis c’est un projet assez personnel (Domitie est mon vrai prénom). Après peut-être par la suite, qui sait.

Comment décrirais-tu ta musique ?
Ce n’est pas de l’electro à proprement parler mais de la pop électronique, plutôt sombre je dirais, ce qui m’emmène spontanément vers le genre trip-hop, pour l’aspect british aussi. J’adore ce courant musical ainsi que la langue anglaise. Mes textes sont des monologues introspectifs, avec une atmosphère de conte fantastique. Prétexte pour évoquer notre rapport avec les animaux, et j’aime l’aspect conte détourné, le lien avec l’enfance. L’élément marin est présent aussi dans mon univers. Ça se veut poétique, lyrique et accessible, avec un fil narratif. Car j’intègre parfois à mon set des extraits de lecture, comme La Société du spectacle de Guy Debord par exemple. J’aime raconter des histoires mais aussi m’interroger, questionner mon rapport à l’Autre, à mon environnement, et la société en général. L’influence de mes études de philo certainement !

Quelles sont tes influences ?
Mes influences peuvent être diverses : j’adore les chanteuses « expérimentatrices » de la voix comme bien sûr Björk, et Laurie Anderson, Imogen Heap, Meredith Monk ou Camille. Côté musique, ça peut aller de la musique électronique ou trip-hop anglaise à la Portishead, Archive ou Aphex Twin, ou des musiciens comme Nils Frahm, Eric Truffaz ou Gonzales. Et puis aussi le hip-hop, la poésie américaine, le spoken word d’Andrea Gibson, et la voix parlée/chantée à la Patti Smith.

Tu as participé au dispositif « Tour de Chauffe » en 2016/2017. Qu’est-ce que ça t’a apporté concrètement ?
En 2017, j’ai été lauréate de Tour de Chauffe ce qui m’a permis de faire évoluer mon projet, d’avoir des retours, un bilan scénique, une résidence et un concert au Vivat en première partie d’Incredible Polo. C’est génial d’avoir ce genre d’occasion quand on est en solo parce que ça permet d’avancer beaucoup plus vite qu’en restant chez soi. C’était une très bonne opportunité et ça m’a permis aussi de rencontrer d’autres musiciens.

Cette année tu es accompagnée par le 9-9 bis. Qu’en attends-tu ?
Cela m’aide beaucoup parce que je peux échanger régulièrement sur mon projet avec Maxime Szczepanek (qui est chargé de l’accompagnement), et là encore quand on est en solo c’est très précieux de pouvoir avoir des retours et des conseils. J’y serai en résidence du 16 au 18 avril avec le musicien Chapelier Fou qui viendra travailler essentiellement sur l’aspect musical de mon projet. Mais j’aimerais également approfondir l’aspect scénographique de façon à arriver à mettre en scène véritablement ces chansons.

On revient à l’aspect théâtral en quelque sorte ?
C’est tout à fait ça ! Mais le plus important dans cet accompagnement, c’est que ça permet de se donner des échéances, de faire le point sur le projet, d’évaluer les problèmes techniques, de voir où ça coince dans l’exécution en live, ce genre de choses, et d’avoir un avis objectif sur la structure des morceaux de façon à pouvoir les retravailler. C’est se rendre visible aussi.

Par ailleurs, tu as eu l’occasion de participer à différents projets. Peux-tu nous parler de ces collaborations ?
L’année dernière j’ai créé une installation sonore et vidéo pour casque 3D, “Baltrum Poetry”, créée uniquement avec des sons et des vidéos collectées lors de mon voyage à Baltrum. C’était avec Art Zoyd dans le cadre de Sound’Up. J’ai aussi réalisé une vidéo pour le projet solo de Julie Fossaert (ex-Peru Peru – ndlr), en 2015. Mais j’aime aussi beaucoup faire des collaborations dans différents styles en tant que chanteuse ! En 2014, j’ai eu la chance de participer à la tournée de Wax Taylor avec le Phonovision Symphonic Orchestra – en tant que choriste- et d’effectuer une dizaine de dates à travers toute la France ainsi qu’en Belgique. Plus récemment pour le projet DNM j’ai fait une reprise d’une chanson de Grace Jones, “I’ve Seen That Face Before” (Libertango) – soit le titre d’Astor Piazolla revisité, ndlr. Il y également une collaboration en cours avec le musicien lillois et beatboxer Mystraw, qui a fait appel à d’autres chanteuses de la région. Cette année je participe également au projet de compilation pour les 40 ans du punk initié par le Collectif 9ter (cf. notre article dans le ILLICO!#23 / juin 2017 – ndlr). J’y reprends « Horses » de Patti Smith avec Stienis et Martin Sojka, qui est par ailleurs batteur dans le groupe Harry Wilis Jane. Donc même si DOMITIE est pour l’instant mon projet principal, je n’exclus pas pour autant d’autres collaborations parce que j’adore travailler avec d’autres musiciens et artistes.