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APSARTS #3 SANTÉ DES ARTISTES

Par aSk

Tandis que blessures physiques, risques à long terme voire maladies liées aux pratiques artistiques sont pointées du doigt depuis plusieurs années déjà – chiffres à l’appui-, et que des études relatives à la santé psychique des artistes ne cessent d’émerger («près de 73% des musicien.ne.s auraient été confronté.e.s à des troubles d’anxiété, de stress voire de dépression en lien avec leur pratique et/ou leur carrière», dixit la plateforme suédoise de distribution numérique Record Union en mai 2019 ; citons également le questionnaire mis en ligne par le collectif CURA cette année), la France serait-elle à la traîne côté prévention de la santé des artistes ?

Nous avons la chance d’avoir en région une fabuleuse association qui œuvre en ce sens depuis 2016, APSArts, dont le but est, entre autres, de mieux appréhender ses postures instrumentales et d’anticiper son rapport à sa pratique afin de se préserver, aussi bien physiquement que mentalement. Rencontre avec son président, Stéphane Quoniam, à l’occasion de la présence de sa joyeuse équipe sur le festival Crossroads à Roubaix en septembre dernier.

Comment s’est créée APSArts (Association Prévention Santé des Artistes) ? Ce projet résulte-t-il de ton passage par Médecine des Arts® ?
Stéphane Quoniam : Cette association résulte de mon parcours dans le milieu de la culture, des ressources humaines et du handicap. Par ailleurs, les personnes rencontrées lors de ma formation de Médecine des Arts® m’ont encouragé à créer une association, alors je me suis lancé.

Comment en es-tu venu à te pencher sur ces problématiques, as-tu toi-même une pratique instrumentale/artistique ? Et comment décrirais-tu ton métier de conseiller en ergonomie ?
J’en suis venu à cette association car j’en avais assez de voir certaines conditions de travail des artistes (qu’ils soient professionnels ou amateurs), conditions parfois tellement déplorables, et de les voir en train de prendre plein de risques, d’avoir mal, de souffrir tant physiquement que psychologiquement, et que personne ne prenait soin d’eux ou ne les conseillait pour prendre soin d’eux, au lieu d’aller toujours voir l’ostéo ou le kiné pour réparer les bobos (mais dans ces cas-là il est souvent déjà trop tard…). Il faut agir le plus tôt possible si on veut que l’artiste puisse pratiquer son art le plus longtemps possible, avec le plus de plaisir possible ! En tant que conseiller en ergonomie, j’utilise ce que j’ai appris par mes formations en ergonomie, mon expérience dans le handicap, dans mon parcours en ressources humaines, en qualité également d’ancien conseiller en prévention des risques professionnels, d’ancien manager, mes expériences de plusieurs années dans la culture, et bien sûr de par ma formation de Médecine des Arts®, pour conseiller et accompagner au mieux les artistes. L’ergonomie permet d’avoir une approche globale et transversale du problème rencontré. Cela me permet de ne pas voir le problème rencontré par l’artiste que d’un seul point de vue. J’ai longtemps fait du théâtre et donné des cours de théâtre à des enfants. Depuis plus d’un an je suis pompomboy. J’ai donc toutes les semaines des cours de danse et de cirque.

Sur le clivage musicien(ne) amateur(e) / professionnel(le), s’agit-il des mêmes risques ? Qui effectue davantage la démarche de contacter ton association et/ou de participer aux ateliers mis en place ?
Les risques sont les mêmes, que l’on soit pro ou amateur(e) et chacun est un peu différent devant le risque en tant que tel, en fonction de sa pratique, de son approche mentale, de son physique, de son sexe, de son environnement de travail, etc. On peut définir des risques globaux, avec des préconisations et des actions générales qui peuvent fonctionner pour le plus grand nombre, mais ensuite chaque action de prévention va devoir être individualisée et adaptée à chaque artiste, car nous sommes toutes et tous différent(e)s. Ce sont plus souvent les amateur(e)s qui font appel à nous, ou ceux qui sont en cours de professionnalisation.

A propos de la santé psychique des artistes et sur les risques psycho-sociaux (RPS), des actions spécifiques et/ou partenariats à venir ? ou bien s’agit-il de continuer à défendre une ligne éditoriale la plus large possible ?
Nous intervenons sur toutes les thématiques faisant écho aux risques professionnels, les RPS en font donc partie et nous sommes déjà intervenus à ce sujet, notamment en partenariat avec l’ARACT (les RPS des enseignants artistiques) et l’association Travaillons Psy (« manager ou artiste : quel directeur de structure culturelle faut-il être »). Nous travaillons actuellement avec l’ARACT sur la thématique de la grossesse et la parentalité dans le milieu artistique. Les troubles musculo-squelettiques sont souvent dus à des questions de stress. C’est pourquoi nous agissons souvent avec nos thérapeutes sophrologues, coaches, réflexologues, énergéticiennes, masseuses… afin de donner aux artistes des moyens et outils d’apprivoiser leur trac ou stress.

Des actions possibles pour les enfants / des interventions en milieu scolaire ?
Nous sommes déjà intervenus en écoles de musique auprès des enfants sur la posture à l’instrument ; au Flow sur les risques auditifs, mais aussi sur l’alimentation des danseurs de hip hop, les douleurs des danseurs de hip hop ; ainsi qu’au Conservatoire de musique de Lille sur l’alimentation des musicien(ne)s et chanteur(euse)s.

Des partenariats avec des salles de concert de la région ?
APSArts interviendra au 9-9bis à Oignies en janvier 2020 pour une présentation générale sur les risques de l’activité d’artiste. Une discussion est en cours avec la Lune des Pirates d’Amiens (intervention sur l’accompagnement et la préparation mentale des artistes), ainsi qu’avec les 4écluses de Dunkerque (pas de thématique précise pour le moment).

Y a-t-il des artistes/groupes de la région qui t’ont contacté ?
Nous travaillons souvent avec Romuald Brizolier, danseur et chorégraphe de la Cie Art-Track, notamment dans le cadre du HipHopGameconcept. Nous travaillons beaucoup avec l’Ecole de Musique du Faubourg des Musiques à Lille, l’école de musique de Somain, l’école de musique de Halluin, le Flow de Lille, et depuis cette année l’école de musique de Villeneuve d’Ascq nous accueille également régulièrement.

A propos du projet de cabinet thérapeutique porté par APSArts, où celui-ci sera-t-il situé et à partir de quand sera-t-il effectif ? Quel(le)s thérapeutes y seront associé(e)s et pour quels types de soins ?
Notre Maison Médicale pour Artistes est située à Armentières, face à la gare TER pour faciliter l’accès. Son ouverture est prévue pour janvier 2020. Y seront associés des thérapeutes du réseau, et notamment Elisabeth Dendievel (coach), Guillaume Bilcke (préparateur physique et conseiller en nutrition), Mangaia Bar (énergéticienne), Sarah Martinache (kinésithérapeute), Céline Monnet (sonothérapeute), Sophie Chauvey (naturopathe et réflexologue), Sabrina Mirailles (praticienne Feldenkrais), Elvire Prévot (sophrologue), Elisabeth Costa (Corpsymphonique), Damien Warin (praticien Trame) et moi-même en tant que conseiller en ergonomie et posture instrumentale. Les soins concernent la prévention de la santé, sous diverses approches (nutrition, préparation physique, posture, massage, énergie, préparation mentale, coaching, analyse ergonomique, kiné, sophrologie…)

Un avant-goût des différentes actions menées tout au long de l’année lors de la troisième édition de la Semaine de la Santé des Artistes (du 7 au 13 oct. dans les Hauts-de-France et au-delà – toutes les infos sur le site) ; il suffit juste de s’inscrire au préalable ?
Toutes les actions sont au prix libre, sauf quelques-unes. Il suffit de s’inscrire soit par mail, soit par téléphone. Un «participe» ou «intéressé» ne suffit pas sur Facebook. Il vaut mieux confirmer sa présence.

Enfin, pour la création d’APSArts, t’es-tu appuyé sur l’expertise d’autres associations similaires (en France et/ou ailleurs) ?
Il n’existe pas d’autres associations similaires en France, ni même ailleurs dans le monde à notre connaissance. Il existe des centres de santé pour artistes en Espagne, en Italie et au Québec avec lesquels nous sommes partenaires, ainsi qu’une clinique du musicien et de la performance à Paris. C’est pourquoi nous avons eu envie de créer cette association et de constituer ce réseau de thérapeutes à travers la France et le Monde puisque nous avons des thérapeutes qui font partie du réseau en Espagne, en Italie, en Belgique, en Allemagne et au Québec.